La Paz à travers la nourriture – deuxième partie.

En soit les plats pourraient être mangés n’importe quand, mais chaque fête de l’année a sa tradition. Je me suis aussi déjà fait dire que c’était pas le temps de manger quelque chose. Si au Québec on peut comprendre que ça ne soit pas stratégique de manger un râgout en plein mois de juillet (la chaleur pis toute), ce n’est pas vraiment un argument qui tienne à La Paz, le climat est plus ou moins toujours pareil. Même l’histoire des aliments de saison n’est pas vraiment un argument (aujourd’hui du moins), parce que les légumes sont généralement peu en abondance dans les plats et tout est une variation des choses suivantes :

Féculents:
Patates, riz, pâtes.

Viandes:
Porc, Poulet, Boeuf, (agneau-genre 1 seul plat est fait avec ça), oeuf

Condiments:
Huile, Cumin, Sel, Poivre, Persil, Aji ou locoto (piments piquants), Arachides, Ail.

Légumes:
Onions, Tomates, Piments (doux), Concombre, Carrote, Haba, Petits pois

BONUS:
Fromage frais
Chapelure basique (pour ne pas dire « miettes de pain »)

Je n’exagère même pas (bon j’oublie peut-être une ou deux choses). Mais attention! J’adore la nourriture de La Paz (je dis La Paz parce que chaque région du pays a ses menus spécifiques. Particulièrement, ce qui est mangé ici est assez différent de ce qui est mangé en amazonie) et même si les ingrédients semblent peu élaborés, les combinaisons sont quand même diverses.

Quelques jours spécifiques de l’année et leurs plats « appropriés »:

ALASITAS – PLATO PACEÑO

Le Plato Paceño (Plat de La Paz) est le plat typique d’Alasitas. Alasitas est au cours du mois de janvier et certains reconnaitront cette fête comme « le festival des petites choses » dont j’ai déjà parlé. En gros, les gens achètent des versions miniatures de ce qu’ils souhaitent avoir/accomplir pour l’année à venir. Certains objets sont symboliques (une figurine de crapaud pour la chance), d’autres littéraux (du matériel de construction pour une maison, un diplome, un passeport).Certaines choses on taussi un rituel spécifique associé : si tu veux un copain/une copine, quelqu’un doit te DONNER un coq/une poule.

Le plat typiqe d’Alasitas, si on met de côté les patisseries miniatures (vraiment cutes!), c’est le Plato Paceño. Sa version tyique: maïs en épi, habas (un type de fève), patate, fromage frit. Sa version « moderne »: même chose, mais avec un morceau de viande en plus.

Plato Paceño version typique

Le mois de janvier est un moment de l’année ou les récoltes sont rares, mais où le mais, les habas et les patates sont de saison. C’est aussi un plat généralemente partagé aptapi style c’est à dire un sorte de potluck où chacun apporte un élément pour le partage avec les autres. Genre, je cultive des patates alors je fournis les patates et mon voisin qui fait du fromage amène le sien.

TODOS SANTOS, AJI DE ARVEJAS

Todos santos, le jour où les morts revienent sur terre pour 24 heures et en profitent pour manger à travers des vivants (j’expliquerai dans un autre post parce que c’est un peu plus complexe).

Il faut manger a midi pile le 1 novembre et le plat typique c’est une genre de soupe de pois chiche. C’est ben bon.

Source: https://i0.wp.com/www.opinion.com.bo/opinion/suplementos_fotos/2012/0208/020628_600.jpg

NOËL: PICANA ET CHOCOLATADA

A Noël, le plat traditionel est la Picana : 3 sortes de viande (Porc, poulet et bœuf) servies dans du bouillon avec des légumes, patates et tunta. Picante! et aussi vraiment bon.

 

Le plat est servit le 24 décembre au soir.

Dans ma famille, la tradition est plutôt de faire une chocolatada. Cela consiste en une casserole de chocolat chaud, servit avec une variété de panetones, des gâteaux aux fruits confits se présentants sous diverses formes.

Dans le quartier populaire où j’habitais, le 25 au matin, le voisinage organise un chocolatada pour les enfants. Ils servent des chocolats chauds, des salteñas et organisent des jeux pour les enfants.

SEMANA SANTA : HUMINTAS ET QUESO HUMACHA

Apparament que historiquement, ce sont deux plats typiques de la semaine sainte puisqu’ils sont sans viande. Je ne peux pas corroborer (je n’ai jamais étée à La Paz pour Pâques), mais l’info vient d’un spécialiste!

Les humintas (à gauche) : une pâte de maïs  un peu sucrée, enveloppée d’une feuille (de maïs dans ce cas, dans d’autres pays ils le font avec des feuilles de bananier) cuit au four. C’est bon, mais assez lourd et pâteux. Je n’en mangerait guère 2 de suites.

Le queso humacha (à droite) est un plat que je n’ai pas mangé souvent, et toujours dans un restaurant. C’est une sauce à base de fromage, servie avec des patates et du maïs.

Le seul autre plat végétarien de Bolivie vient du Pérou: les Papas a la huancayna. JE SUIS UNE FAN.

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Sauce aux arachides, patates bouillies, salade, fromage frais, oeuf cuit dur et tranches de tomate.

Des plats bonus!

PIQUE A LO MACHO

Source: http://cochabandido.blogspot.com/2014/10/gastronomia-feria-del-pique-macho-domingo-26-bolivia.html Un plat qui, a ma connaissance, n’a pas d’occassion spéciale mais qui est, dans sa forme classique, IMMENSE! (Genre, pour 4 personnes).

Récement il y avait un festival du Pique Macho à La Paz. Je ne suis pas allée, mais la description de l’événement laisser présager quelque chose d’intense: 50 bolivianos (à peu près 10$) pour un coupon valide pendant 1 heure. C’est all-you-can eat pendant ce temps, mais il faut absolument terminer son plat pour en commander un autre, et il est interdit de partager.

Merci, mais je vais attendre a la semaine prochaine, payer la moitié du prix et d’avantage apprécier mon repas tout en mangeant probablement la même quantité.

FALSO CONEJO

Litteralement, faux lapin. En effet, y’a pas une once de lapin dans ce plat là. Je ne sais pas trop pourquoi on parle de lapin, généralement c’est que le plat original devrait être fait avec du lapin, sauf que dans ce cas-ci j’ai jamais alors vu le vrai plat. Dans le cas du Lechon par exemple,

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On parle de porc cuit au four. Le falso lechon  c’est le même porc mais au lieu d’être cuit au four il est cuit dans la poêle.

En tout cas, tout ça pour dire que le falso conejo c’est de la viande de bœuf en tranche assez mince cuite dans une sauce a base d’aji, d’onions et petits pois.

PARRILLADA

Je terminerais cette liste avec les parrilladas, événements-barbecues où la viande est à l’honneur!

Une parillada n’en n’est pas une si tout le monde n’a pas dans son assiette toutes les choses suivantes:

Un bon morceau de poulet, des saucisses, un bon morceau de viande de boeuf, des abbats (généralement des trippes, moi je passe mon tour merci beaucoup, ça en rend d’autres heureux!) et l’accompagnement: arroz con queso. Desfois on peut apperçevoir un bout de tomate ou laitue.

 

 

Quand les étrangers s’en mêlent, on fait des salades et griller des piments, aubergines, etc.

Une fois, il y avait un ananas entier sur le grill. C’était vraiment bon!

PROVECHO, c’est l’heure du lunch! (Et malheureusement, je vais manger des restants de spaghetti, rien de vraiment bolivien)

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Todos Santos

Lors de mon premier séjour en Bolivie, j’avais été fascinée par la tradition de Todos Santos : une fête célébrée le 2 novembre de chaque année. La croyance est que les esprits de nos êtres chers décédés viennent passer 24 heures sur terre avec les vivants. Ils arrivent le 1er novembre à midi tappant et repartent a midi le lendemain. Pour l’occasion, les boliviens cuisinent du pain. Beaucoup, beaucoup, beaucoup de pain.

Une quantité franchement inconcevable. En fait, c’est une si grande quantité que c’est carément impossible de le consommer avant que son état ne devienne désagréable. Soit moisi: mais ça, c’est si le pain est gardé dans un sac fermé. Il moisit parce qu’on ne veut pas le partager avec les esprits, voyez-vous. Et au contraire s’il est conservé dans un sac ouvert, et bien il devient dur. Très dur. Au moins, on peut en faire du pain doré.

Mais les gens ne cuisinent pas seulement du pain. Ils font aussi des biscuits, des biscochuelos et des pâtiseries de toutes sortes.

Comme les gens n’ont pas nécessairement de fours chez eux, toute la semaine précédent Todos Santos, ils envahissent les hornos, qui sont en fait des commerces qui offrent le service de fours commerciaux.

Dans les rues, on vend de la canne à sucre et des visages en céramique pour faire les T’anta wawas (c’est à dire, des pains en forme de bébés).

Ok, mais c’est quoi le principe?

Ceux qui ont vu un être cher décédé lors des trois dernières années doivent faire una mesa, une table, sur laquelle ils déposent du pain, des patisseries, des biscuits et le plat favori de l’être décédé. Ils décorent le tout de bonbon, guirelandes comestibles ou pas et canne à sucre. Le 1er et 2 novembre, ils invitent la famille, les amis et les connaissances à les accompagner. Quand les gens arrivent, ils se placent face à la table et font une prière. Ensuite, ils s’assoient dans le grand demi-cercle qui entoure la table et se font offrir un plat (la même chose que ce qui a été posé sur la table) ainsi qu’un panier remplit de pain, patisseries et fruits (c’est une mini-réplique de ce qu’il y a sur la table). Le contenu du panier peut être mangé plus tard, mais le plat doit être mangé tout de suite. On dit que tout ce qui est mangé pendant Todos Santos, ce n’est pas pour les vivants: c’est en fait pour les morts. Tu manges ton fricasé, mais en fait c’est l’âme des défunts qui mange à travers toi… et donc, il parait, que tu n’es jamais vraiment plein, tu peux toujours manger plus plus plus pendant ces journées.

Les plats favoris du défunt sont dipsosés sur la table: ils seront servis aux invités au cours des 2 journées
Les plats favoris du défunt sont dipsosés sur la table: ils seront servis aux invités au cours des 2 journées

Pendant ces journées, les gens passent aussi de maison en maison pour offrir ces paniers-répliques de la table. Ils sont accompagnés d’un mémo qui indique pour qui les gens doivent prier. Parce que même si c’est une fête qui semble assez païenne, le mélange avec le catholicisme est très fort.

Le 2 novembre à midi, la table est défaite et son contenu est réparti parmis tous les invités présents : les bonbons, pains, fruits, canne a sucre, pâtisseries, tout, tout tout.

Les endeuillés doivent faire ainsi une table et inviter les gens à les accompagner pendant 3 ans. Le deuxième jour de la troisième année, c’est la despedida: l’âme retourne d’où elle vient, et les vivants doivent lui dire aurevoir dans la joie et le plaisir. C’est donc une super fête! Alchool, danse, nourriture, etc.

Comme on dit, c’est quelque chose

En 2013, j’avais fais la totale: cuisiné du pain toute la nuit et terminer à 7h am pour se lever 3 heures plus tard parce qu’il fallait absolument manger a midi PILE la soupe de pois chiches parce que c’est l’heure à laquelle les âmes font leur entrée. (Je trouvais ça drôle parce que je ne croyais pas 2 secondes que ma mère d’accueil allait réussir à cuisiner à l’heure… finalement je pense qu’on était seulement en retard de 30 minutes, c’était tout un exploit).

Après avoir mangé, nous sommes allés visiter les voisins qui avaient faire une table. Je pense que c’était leur deuxième année. Après, nous sommes allés dans une autre maison: à cet endroit, c’était la troisième année. Nous sommes restés jusqu’à minuit, à boire de la bière (mais pas beaucoup), mâcher de la coca et fumer des cigarettes. Nous y sommes retournés le lendemain un peu avant midi, et y sommes restés jusqu’à tard… justement à faire la fête. En plus, ma mère d’accueil avait été nommée « marraine pour défaire la table », alors Gonzalo et moi avons de facot étés désignés comme aides officiels pour répartir tout son contenu (et même plus, il y avait des sacs et des sacs de pains supplémentaire) à tout le monde. Il y avait du stock!

Quand tu dis il y a beaucoup de pain…

Je dis qu’il y a beaucoup, beaucoup de pain et ce de toutes les formes (mais pas tellement toutes les saveurs, malheureusement : ça c’est mon combat personnel).

Il y a des pains en forme de bébé.

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Des pains en forme d’hommes et de femmes.

Des pains en forme de cheval, de croix et d’échelles.

Une mesa – celle que j’ai dû défaire et répartir aux invités.

Il y a du pain au fromage, des meringues, des biscuits, des bonbons, des alfafores, des cônes à la crème.

Pour conclure, un diaporama de ce qui est vendu en ce moment dans les férias. Ceux-ci sont pour consommation immédiate, mais ce sont les mêmes items que ce que l’on retrouvera dimanche sur les tables.

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Petites brèves

Lors des dernières semaines, j’ai re-visité le lac Titicaca, fait une escapade au Pérou, coupé les cheveux Gonzalo avant qu’il entre à l’institut pré-militaire (obligatoire pour les jeunes boliviens mâles de son âge), étée optimiste, puis stressée avec le travail, sinon c’est pas mal tranquile.

Voici donc un apperçu des faits saillants des dernières semaines (mois?)

Copacabana

Isla del Sol

La première fois où je suis allée a Copacabana (en 2013), ça a commencé par la fameuse citation « Je ne vois pas pourquoi ça serait inapproprié de boire avant d’aller visiter l’église, ils servent du vin à l’église! » et ça a fini avec un lendemain veille accompagné de l’exclamation« C’est la revanche du colonialisme! » (pour citer la même personne), c’est-à-dire un trekking annoncé d’une demi heure mais qui finalement en était 4. S’être informées un peu mieux, on aurait compris que 21 kilomètre c’était peu probablement 30 minutes de marche.

Cette fois-ci, il n’y avait pas d’alcool impliqué, mais le plan n’était pas necessairement meilleur.

J’étais avec une amie et on s’est retrouvées à faire le même trekking, mais cette fois-ci le soleil se couchait et nous sommes arrivées au village dans le noir complet, incapable de trouver l’auberge ou on avait réservé parce que tout le monde nous disait « c’est plus bas, c’est plus bas » jusqu’à ce qu’ils nous disent « c’est plus haut » et que l’on veuille pleurer parce que: l’altitude. On a finalement réussi à trouver nos lits et ont s’est couchées a 8 hrs.

Par contre, le ciel était dégagé et le paysage encore plus impressionnant que la première fois.

La Lune de Sang

En gros, je me suis trompée de journée. Je pensais que c’était pour être la nuit ou on marchait dans le noir sur la Isla del Sol, mais c’est jamais arrivé. Finalement c’était le lendemain. C’était encore mieux, parce que ça m’a servi de distraction lors du trajet Copabacana (Bolivie)- Puno (Pérou).Les gens dans le bus devaient se demander se que je faisais a prendre des photos dans le noir, parce que persone d’autre semblait savoir ce qu’il se passait. Malheureusement, rendue a Puno j’était tellement blazée que, juste avant d’entrer dans le deuxième bus vers Arequipa,  j’ai levé les yeux et je l’ai vu, elle était pleine, rouge et impressionnante, mais j’ai pas même daigné sortir mon appareil photo (mon prétexte mental: c’était pas sécuritaire, j’étais dans une station de bus en plein milieu de la nuit).

Arequipa

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Le lendemain, j’étais a Arequipa. En arrivant a Puno, il y avait un grand Australien incapable de communiquer en espagnol qui avait l’air particulièrement confus dans le changement d’autobus. Comme j’ai une tête d’étrangère, il savait que j’avais de bonnes chances de parler sa langue. On était ensuite assis à côté dans le bus vers Arequipa.

Sérieusement, j’ai passé mon temps au Pérou à parler anglais, et c’était pas facile facile.

On est arrivés a Arequipa a 4 heures du matin et j’avais pas d’hôtel alors mon plan de génie était de rester dans le terminus jusqu’à ce qu’il fasse jour et que je puisse trouver un lieu pour dormir/laisser mon sac (j’avais quand même 2-3 adresses de notées, c’était pas complètement improvisé). L’australien voulait partager un taxi jusqu’au centre, alors d’un commun accord on a profité des avantages de l’autre pour s’y rendre sans trop se faire avoir : Moi je parlais espagnol et lui me permettait de pas être une fille toute seule qui prend un taxi en plein milieu de la nuit avec un sac de voyage dans une ville que je connais pas. Gagnant-Gagnant!

Le Pérou c’est pas la Bolivie, mais (dites le pas aux Boliviens) ça y ressemble quand même un peu!

Cañon del Colca

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Je m’étais mis dans la tête que plus que d’aller à Arequipa, je voulais surtout faire un trek dans le Cañon del Colca. Niveau paysage ce n’est ni le Gran Canyon, ni les montagnes de La Paz, mais je voulais surtout sortir de la ville et marcher un peu. J’ai donc réservé avec une agence pour faire partie d’un groupe qui allait s’y balader pendant 3 jours. C’était vraiment une belle expérience!

Le premier jour consistait à descendre jusqu’au fond du Cañon: facile, mais la descente était quelque chose pour les jambes!

Le deuxième jour, plutôt relax (quoi que une bonne montée et descente): on se rendait jusqu’à l’oasis pour relaxer et y passer la nuit.

Le troisième jour, levé à 4h am pour entreprendre la remontée: environ 1 km de dénivelé, pour 2h30 de marche (dans mon cas). Dans le groupe il y avait des machines: le plus rapide l’a fait en un peu plus d’une heure.

Pour avoir le trek en détails, il y a une personne de notre groupe qui tient un blogue (en anglais) avec des photos et un récit jour par jour! Si ça vous intéresse (parce que moi je suis un trop paresseuse pour en faire autant), passez faire un tour sur le blogue d’Anne: Jour 1, Jour 2, Jour 3

Un peu de photos:

Je suis allé au Pérou toute seule, mais finalement j’ai pas du passer plus que 10 heures toute seule de tout mon voyage. J’ai passé le premier jour avec l’australien, ensuite j’ai fait une visite de monastère toute seule, puis je me suis jointe a un tour de bus guidé. Le lendemain je partais avec 12 persones dans le cañon, lors de notre retour à Arequipa j’ai mangé avec quelques personnes de ce groupe là et le soir même je retournais à La Paz.

Les cheveux de Gonzalo

La Paz (2)

Il est obligatoire pour tous les jeunes hommes de faire leur service militaire. Une des options, c’est de le faire à temps partiel (tous les dimanches) pendant 1 an. Les jeunes qui choisisent cette option terminent alors leur service en même temps qu’ils graduent de l’école secondaire: deux bonne choses de réglées, ils peuvent ensuite aller à l’université.

Sauf que pour entrer à la « Pre-militar », comme cette option s’appelle, il faut faire la file pendant environ 24 heures. Et une fois entré, le jeune est même pas certain d’être accepté: il doit passer des tests physiques et s’il est jugé apte (soit qu’il ne risque pas de mourir en pleine formation), il passe, doit payer son inscription et… se faire raser les cheveux avant de commencer l’entrainement.

Le tout s’est donc fait céremonieusement: l’avant-veille de l’inscription, chaque personne présente eu le privilège de couper une mèche de cheveux de la tête du pauvre Gonzalo, qui jusqu’à aujourd’hui n’a toujours pas les cheveux rasés mais si on regarde bien, sa coupe comporte quelques trous!

Tuni Condoriri

Je suis aussi allée faire un tour près de cette montagne là:

Tuni condoriri (17)

Refugio senda verde

Aussi! Les photos dans ma caméra me rappellent que je suis allée faire un tour a un refuge pour animaux sauvages. C’est un endroit dans les Yungas où les propriétaires accueillent les animaux sauvages soit issu de la traite d’animaux, soit que les gens avaient comme animaux domestiques. Pour financer leurs activités, le refuge a un restaurant, une boutique de souvenir et des petites maisons où l’ont peut passer la nuit. Les travaux sont fait en grande partie par des bénévoles, mais l’équipe compte aussi quelques vétérinaires permanent payés.

La Paz à travers la nourriture – Première partie

En Bolivie, la nourriture, c’est important. Personellement, ça me va et j’en profite!

Ici, la nourriture est un art, une science, et elle a même ses propres lois! Les plats se font d’une certaine façon et il n’est pas possible de varier: sinon, c’est un autre plat ou tu t’attires la honte, tout simplement.

Quotidiennement:

Le déjeuner typique est assez frugal: pain et confiture avec une boisson chaude. Moi ça ne me convient définitivement pas, alors je me claque des oeufs ou du granola et yogurt aussi souvent que possible. C’est pas mal plus facile depuis que suis en appartement et pas en famille.

Note: les photos ne sont malheureusemente pas de moi.

PAINS ET EMPANADAS

Marraqueta: source wikimedia commons
Marraqueta: mon pain pref, j’en profite a l’heure du thé (5h pm)
Llauchas. Source: http://cochabandido.blogspot.com/2013/08/como-preparar-las-riquisimas-llauchas.html
Llauchas. Mon déjeuner pref pref quand je dois le manger dans la rue. C’est une pate remplie de fromage semi-fondu, mais de la bonne sorte (j’ai des opinions fortes sur le type de fromage utilisé dans les autres cas). C’est chaud et c’est si bon!

SANDWICH DE CHOLA

Le sandwich de chola est vendu dans la rue. Un choix particulièrement facile quand je dois faire des achats à l’heure du lunch et que je n’ai pas le temps de manger un plat complet.

Sandwich de chola. Source: http://liamwinters.blogspot.com/2010/09/street-food-in-bolivia-1-chola-sandwich.html
Préparation du sandwich
source: http://www.limaeasy.com/peruvian-food-guide/typical-peruvian-sandwiches/sanguche-de-chicharron
Le « sandwich de chola »

Le soir, particulièrement en sortant des bars, c’est l’heure des ANTICUCHOS

Source: https://seventeenbysix.wordpress.com/2014/08/12/home-from-home/dsc_0130/
Coeur de boeuf, patates et sauce piquante aux arachides
Source: http://comosur.com/tag/meltingpot/
Il faut faire flamber le tout régulièrement.

Lendemain de veille:

Pour une raison que j’ignore, le plat typique de lendemain de veille à La Paz est le FRICASÉ, une genre de soupe de porc piquante. J’avais vraiment mes doutes sur le goût en me fiant à la description, mais finalement c’est vraiment très bon.

Source: http://www.bolivia.com/el-sabor-de-bolivia/asi-sabe-bolivia/plato-fuerte/sdi275/44757/fricase
Fricasé!

Cumpleaños:

Au bureau, lorsque c’est la fête d’un ou une collègue, la tradition est de se réunir dans la cuisine en avant midi pour manger tous ensemble une salteña ou une tucumanas (accompagné, évidement, de Coca-Cola). Desfois le menu varie, (comme le Tranca pecho, que je vais mettre dans cette liste juste parce que c’est exagéré!) mais par défaut il s’agit d’un des deux empanadas.

TUCUMANAS

Le tucumanas est frit et servit avec une panoplie de sauces, généralement piquantes (à base de tomate, d’arachide, ou d’avocat)

Tucumanas. Source: http://www.lostiempos.com/buen-provecho/bocaditos/bocaditos/20140405/tucumanas_250397_546920.html

Source:http://www.recetasnatura.com.ar/empanadas-tucumanas/

SALTEÑAS

Source: http://www.contactoboliviano.tv/#!La-tradicional-salteña-boliviana-Historia-y-origen/cwzo/55ca16850cf2b432d24873eeLa salteña peut être de poulet, de viande, mixte ou de fricasé. Son contenu peut être plus ou moins piquant et est toujours bien juteux. Ici, ont dit que tu est un véritable paceño si tu es capable de manger la salteña, sans mettre de la sauce  partout! (Desfois je suis capable, desfois je fais une erreur et c’est raté! – parce que oui, il y a des trucs)

source: https://www.flickr.com/photos/bootsintheoven/5861428811
Bin du jus!

TRANCA PECHO

Pour moi, le tranca pecho c’est presque une joke. On parle ici d’un silpancho complet (un plat en soit), dans un sandwich.

Bref: riz (du riz dans un sandwich!), viande panée, oeuf et légumes: piments, tomate, onions. Pain.

Source: https://tibiorincon.wordpress.com/tag/trancapecho/
Trancapecho. Je trouve que la photo ne lui rend pas justice.

Trancapecho veut litéralemente dire « bloqueur de poitrine ».

GÂTEAU DE FÊTE

Évidemment, le gâteau de fête tel qu’on le connait est aussi un incontournable. Incluant la tradition de mordre le gâteau et se le faire enfoncé dans le visage (voir mon profil Facebook).

Ce qui me fascine à chaque fois, c’est l’habitude de tout le monde de couper le gâteau en faisant premièrement un rond au centre, puis couper le reste en pointe. (Malheureusement, je ne trouve pas de photos et je ne semble pas en avoir pris malgré que je sois fascinée à chaque fois).

A suivre…

Willka Kuti

Ce post semble avoir été oublié dans les confints de mon tableau de bord… alors je le publie maintenant, plusieurs mois en retard.

Le 21 juin correspondait au solstice d’hiver dans l’hémisphère Sud.

C’est aussi une la date du nouvel an Aymara, aussi appellé par les journaux « Nouvel an andin amazonique », enfin bref ce n’est pas trop clair pour quel peuple cette date avait une importance, historiquement, mais maintenant c’est un jour férié officiel en Bolivie depuis qu’Evo Morales l’a décidé il y a quelques années.

[Contexte] Cela n’a pas fait l’affaire de tous, car la validité même de la date choisie est sujete à débat, et en plus, ce n’est pas toute la population bolivienne qui est d’origine Aymara ou Quechua. C’est donc un peu une imposition d’héritage culturel à tout un pays qui n’a rien d’homogène.[/Contexte]

De mon expérience, les cérémonies traditionnelles de la région de La Paz implique généralement les éléments suivants:

  • De l’alchool (desfois pour boire, desfois pour donner à la pachamama, souvent les deux)
  • Des feuilles de coca (généralement et pour donner à la pachamama et pour mâcher)
  • Un llama mort-né (…)
  • De la boucane (desfois sous forme de feu, des fois sous forme de cigarette, desfois les deux)
  • De la musique (ton party est meilleur si c’est live, mais la musique enregistrée peut faire l’affaire)
  • Des opinions différentes parmi les convives sur ce qui est « la bonne façon de faire ».

Quelle que soit l’occasion, c’est un assez bon barème des ingrédients nécessaires. Celle-ci ne faisait pas exception.

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Le principe est de recevoir les premiers rayons de soleil.

Les étapes:

  1. Arriver stressés pour être certains de pas manquer les premiers rayons, finalement ont étaient 2 heures d’avance.
  2. Le band traditionnel joue pendant qu’on reçoit les premiers rayons de soleil sur les paumes de nos mains (ça réchauffe!).
  3.  Le band continue de jouer, les gens se souhaitent bonne année et dansent. Moi je suis plantée là et je sais pas trop quoi faire, alors je prends des photos.
  4. Le Yatiri (Chaman) fait un table d’offrande a la Pachamama, incluant des choses sucrées et un foetus de llama.
  5. Le feu est mis a la table: elle doit brûler au complet, sinon c’est mauvais signe. Il ne faut pas non plus trop la regarder, la Pachamama aime pas ça qu’on la surveille pendant qu’elle mange.
  6. Le Yatiri nous fait choisir des feuilles de coca, avec lesquelles ont doit faire un souhait et les mettre dans le feu.
  7. Plus tard, il nous passe a nouveau des feuilles de coca, mais cette fois pour les mâcher.
  8. Le band joue encore, et on danse! (Cette fois je me joint au cercle)
  9. Les gens s’en vont, mais nous on reste pour manger notre déjeuner avant de retourner au camping.

Un petit tour dans les faldas de l’Illimani

La Paz est une ville magnifique, mais ça demeure une ville d’Amérique du sud : des klaxons, du smog, des gens impatients, du cahos. C’est bucolique un moment, mais ça fait aussi du bien de prendre une pause de temps en temps. Disons que j’étais due.

•••

J’ai vraiment un grand respect pour les croyances boliviennes, même si ce n’est pas vraiment ma marque de commerce de croire aux choses inexpliquées.

Reste que lorsqu’on me dit que les montagnes sont des Achachilas (esprits protecteurs), qu’elles nous protègent autant qu’elles peuvent nous manger et que c’est possible que si je tombe en marchant sur son territoire, elle me vole mon ajayu (mon âme, genre), je sens que c’est approprié de prendre des précautions.

Quand je visite un nouveau lieu, je sens le besoin  de cha’llar dès que possible (donner de l’alchool a la Pachamama en versant des gouttes (en plus ou moins grande quantité) sur le sol avant de se servir soi-même). L’idée c’est de la nourrir, pour qu’elle n’aie pas faim au point de vouloir nous manger. Par exemple, avant de s’engager sur le  « chemin de la mort », entre La Paz et les Yungas, on peut voir les chauffeurs verser de l’alcool par terre par leur fenêtre. Il est aussi possible de cha’llar son auto. On niaise pas avec la Pachamama, sérieux.

•••

Je suis allé marcher sur les flancs de l’Illimani la fin de semaine dernière, l’Achachila de La Paz.  C’était vraiment une expérience hors du commun, d’une beauté à couper le souffle. C’était aussi un certain défi physique que j’ai vraiment apprécié : 25 km de marche en 7 heures, en passant d’une altitude d’environ 3 900m à 4 600 m, puis son contraire.

Il a plut toute la journée du samedi et l’Illimani ne nous a pas laissé entrevoir 2 cm de Sa Grandeur. On a monté pareil, ce qui semblait un champ à la verticale qui ne menait nulle part. On a pas vu grand-chose du paysage, bref, a part le chemin derrière nous. Mais c’était quand même hautement satisfaisant, parce que monter une pente pendant 1 heure à cette altitude quand le chemin semble inexistant et seulement localisable par les spots de foin piétinés, c’est pas la chose la plus facile et on se sent vraiment privilégiés. J’essayais de comparer la montée aux rues de la Paz. Est-ce que c’est comme la Landaeta? Non, la Landaeta c’est plus court. Les marches des centres de femmes? Est-ce que ce serait un peu ça, monter a El Alto à pied? Peut-être.

On est revenus a l’alojamiento tous mouillés, mais c’pas grave, le té con té nous a réchauffé.

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Le lendemain matin, nous sommes partis pour faire la grande rando de 7 heures. Le guide nous avertis : on ne mangera pas en chemin, alors amenez vous des pommes. Ok, j’ai beau avoir des noix, barres tendres et fruits, mais messemble que si j’avais eu un déjeuner un peu plus consistant qu’un pain avec de la confiture, j’aurais entrevu le tout avec un peu moins d’apréhension. Quelque chose ressemblant un peu plus un déjeuner du randonneur et la promesse de sandwichs de viande froide (valeur relative : 25 cents) sur l’heure du lunch,  ça aurait pu être nice. Avoir su, j’aurais mis des œufs cuits dur dans mes poches en partant de La Paz la veille. Mais bon. Off we go!

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Avant de commencer notre ascension, en respectant les règles de l’art et de sécurité appropriées, nous avons fait une offrande à l’Achachila de l’Illimani.

L’offrande prend la forme de ce qu’on appelle une « table », composées de divers éléments avec des significations au secret bien gardé. La table est brûlée en la dédiant à notre protecteur. Ce sont des offrandes similaires lors de diverses occasion. A l’oeil, on peut la décrire comme  des choses de couleurs, des choses sucrées, des pommes, de la canelle, de la graisse de llama.

Sans oublier évidement les feuilles de coca soigneusement choisies par chacune des personnes présentes.

C’est vraiment plus complexe que cela, mais je ne suis pas en mesure de bien l’expliquer.

Si la table brûle entièrement et que les cendres deviennent blanches, ça veut dire que tout va bien aller.

Sinon…. Il va falloir faire attention à nous autres.

Y’avait du blanc, c’était bon signe, on peut partir!

Mesas Los Andes
Durant le mois d’août, le mois de la Pachamama, les gens brûlent des tables chez eux comme offrande. Sur cette photo floue prise de nuit avec mon téléphone, 3 tables sont brûlées devant un commerce.

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Les Achachilas ont aussi des histoires.

La légende dit que l’Illimani a coupé la tète du mururata avec un fil d’or a la suite d’une dispute. (Aparament que le mururata était vraiment désagreable, avec sa vanité pis toute : il était le plus haut des sommets et se la créait pas a peu près). L’lllimani était relativement zen, mais quand son créateur l’a encouragé a punir son frère, il n’a pas hésité. Avec la force du coup, la tête du mururata est partie loin loin loin…. Est est allée s’écrasée dans l’altiplano, créant ce que l’on appelle aujourd’hui le Sajama.  Le mururata est visible de El Alto : son dessus est plat plat plat. C’est sur, il n’a plus de tête! Le Sajama est encore le plus haut sommet de la région. On s’imagine sa taille quand il ne faisait qu’un avec l’autre.

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La montée était spectaculaire. Au début l’Illimani ne se laissait pas trop voir derrière les nuages, il jouait a la cachette. Mais quand il a fini par se découvrir, c’était vraiment impressionnant. Ça donnait le vertige juste le regarder!

foto guide-60

Après une montée dans la roche qui se dérobait sous nos pied, jusqu’aux pieds des glaciers (jusqu’à toucher sa neige!), nous avons profité d’un chemin plat qui contournait le mastodonte. Pour finalement amorcer la descente, a travers la vallée. Juste magnifique.

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L’Illimani est au sens litéral une source de vie pour La Paz : l’eau consomée dans la (fausse) capitale provient de la fonte de ses glaciers.

Des glaciers, aux chutes, pour former un ruisseau
Des glaciers, aux chutes, pour former un ruisseau

La vida de las cosas

La semaine dernière, je suis allée au lancement d’un livre, La vida de las cosas, (La vie des choses). C’est en fait un recueil de chroniques parues dans le journal La Razon au cours de la dernière année. Les histoires, écrites par Alex Ayala Ugarte, sont en fait des portaits d’êtres humains, ayant comme point de départ un objet, une chose particuilèrement importante pour cette personne. C’est le deuxième livre de cet auteur que je lis et je dois dire que ses écrits sont parfaits pour plonger dans ce qu’est la Bolivie: une mosaïque d’histoires à la fois ordinaires, incroyables et fascinantes.

Voici une traduction libre d’un extrait d’une de ces chroniques, parues dans La Razon le 8 mars 2015 et que l’on retrouve dans la compilation. (Cliquez sur le lien pour l’article original complet)

Carmen Rosa, el punto de sal y las patadas voladoras 

Carmen Rosa, photo tirée de la version web du journal La Razón
Carmen Rosa, photo tirée de la version web du journal La Razón

Un coup solide du côté gauche ne garantit rien et cela, Carmen Rosa le sait très bien. […]

A 45 ans, elle est depuis longtemps une habitué des rings, mais la gloire et les aplaudissements ne lui ont pas assurés un repas par jour. Elle tient donc son restaurant à quelques coins de rue de la Ligne Jaune du Téléférique de El Alto, pour pouvoir payer les factures.

Carmen Rosa s’apelle en réalité Polonia Ana Choque Silvestre, mais bien peu de gens la connaissent sous ce nom. “Tu as un visage de Carmen Rosa, pas de Polonia, m’a  dit  il y  a  eu  peu de  temps  un  policier  alors  que  je  réalisais  des  papiers administratifs”, dit-elle en riant. Son local est décoré de masques de  tissus et d’affiches qui annoncent des matchs passés, ce qui rappelle les tavernes espagnoles dorées de grands cartons promotionels des corridas de taureaux. Du lundi au vendredi,  à l’heure du lunch, Carmen Rosa offre des plats tipiques : fricasé, des pâtes aux arrachides, du chicharrón de porc”, énumerre-t-elle. Et la pression qu’elle supporte est très similaire à celle qu’elle subit sur le ring: ici, s’assurer de mettre juste assez de sel dans un plat est l’équivalent d’un solide coup de pied. 

Carmen Rosa ne s’est jamais couvert le visage pour mener une bataille. Au contraire : elle monte dans le ring avec une intense couche de maquillage qui souligne ses origines aymaras. Les signes distinctifs qui l’identifient  sont ses tresses et sa jupe. “J’ai toujours aimé mettre en valeur notre culture et j’ai toujours été fière d’être une cholita. Je ne m’habille pas comme ça juste pour me déguiser », assure-t-elle. Quand elle se bat, elle se défait de ses boucles d’oreilles, de sa ceinture, de son châle et de son chapeau. « Je me sens plus à l’aise sans tous ces objets », blague-t-elle. […]

La ceinture qui courrone Carmen Rosa comme une champione de Lucha Libre est fait d’étain et de cuivre, rouge et brillante. « Je la dois au public », me dit-elle pendant qu’elle la chouchoute, regardant ensuite d’un côté pour observer les premiers clients qui se présentent à la recherche des premiers ragoûts tout chauds. Pour une cachascanista comme elle, la ceinture représente tout ça : la victoire, le pouvoir, la gloire. Et quand elle tient la sienne en l’air, elle se sent comme dans un film.

Le jeu politique

Carmen Rosa considère que ce qui l’embarasse le plus n’est pas d’embrasser la bâche chaque fois qu’une de ses adversaires la prend par surprise, mais plutôt de s’habituer à la routine quotidienne. « Quand je suis à la maison, je lave,  je repasse, je cuisine et je gère l’argent – d’étaille-t-elle – et c’est ça qui me tue. »[…]

Son audace l’a amené de voyage jusqu’à New York ainsi qu’a travers certaines  communautés les plus reculées de Bolivie. […] Elle se rappelle que parfois elle en revenait complètement abattue. “Dans certains endroits, ils avaient un superbe terrain de futbol synthétique, mais l’aqueduc ne se rendait pas alors ils n’avaient pas d’eau, et cela m’atristait beaucoup.”

[…] Avant de partir, elle m’annonce qu’elle a décidé d’entrer dans la politique, aux côtés de Felipe Quispe, connu comme el Mallku, un exguerrillero de teint olive, expert tout comme elle dans l’art d’esquiver de nombreuses claques. Par contre, elle devra laisser son personnage de lutteuse de côté pour réalizer son rève car la loi l’oblige à figurer dans les papiers officiels sous le nom de Polonia.

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À part de ça, les producteurs de viande de boeuf, de poulet et de pain sont en grève/font des moyens de pression depuis les derniers jours.  Trouver de la marraqueta était un défi parce que les fabriquants se battent contre le gouvernement et les consommateurs pour le prix de vente, le prix de la viande augmente parce que les distributeurs ne veulent pas payer leurs impôts (sérieux, c’est dur de trouver leur cause légitime même si je voudrais bien) et ceux qui vendent le poulet ont décidé de s’en mêler, juste parce que! Je pense même que les vendeurs de porc se sont joints à la partie.

Récement le gouvernement a cessé de subventionner la farine pour fabriquer le pain. Avec la subvention, les boulangères étaient tenues de respecter un prix de vente a 0.4 bs (la manière de faire du profit en vendant du pain dans ce pays m’échappe completement, parce que le pain était vendu a 40c de la part du fabriquant aux kiosques et est revendu au même prix au consommateur. Il y a une histoire ou les kiosques achètent au gros et se font « donner » des unités, ce qui leur permet de vendre et de gagner un peu, mais c’est une marge qui me semble assez faible).  Maintenant que le gouvernement ne suventionne plus, les fabriquants ont décidés unilatéralement que le prix avait ainsi été « liberé », et donc qu’ils allaient le vendre à 50c. Le gouvernement a dit non, les boulangers ont fait la gréve pendant quelques temps (avant que j’arrive, pas moyen de trouver du pain), ils ont finalement conclu qu’ils allaient attendre d’écouler la farine subventionnée avant d’augmenter le prix. Depuis lundi ce moment est venu. Le gouvernement s’est entêté à dire « le prix ne changera prix, si vous vendez le pain a 50c il y aura des pénalités » pendant 2 jours, pour finalement admettre qu’il ne pouvait rien faire.

La position des fabriquants est que la farine coûte cher donc ils doivent augmenter le prix pour faire des gains. Le gouvernement a cessé de subventionner la farine justement parce qu’il jugeait que le prix de la farine avait baissé et que le coup de pouce estatal n’était plus nécessaire. Qui a raison? Aucune idée, mais les consommateurs ne sont pas contents parce que ce sont eux qui paient au bout du compte.

Feriado

Jeudi matin, 11h30. C’est un congé férié en Bolivie (Corpus Christi, apparement la tradition serait de manger des arrachides et des chips de maïs soufflé, mais je l’ai appris un peu tard) et je dévoue ma matinée à boire un café en profitant des rayons de soleils accessibles depuis mon nouveau logis. Ça fait maintenant une semaine que je suis de retour à La Paz et c’est avec plaisir que j’ai revu ami-e-s, collègues et famille bolivienne!

Il faut dire que j’ai bien profité de mes premières journées avant de commencer à travailler, lundi matin. Sans oublier que samedi dernier (et donc dimanche, lundi, mardi, mercredi….) était la fête du Grand Poder, une célébration très très importante à La Paz, où les gens déambulent dans les rues pendant toute la journée (samedi), en dansant au rythme de diverses musiques traditionnelles, vêtus évidemment des habits appropriés. Chaque groupe est unique et accompagné de son propre orchestre (Banda), dansant pendant plus de 6 heures lors de la journée. Le défilé de samedi comprenait plus de 60 groupes, surtout de morenada, qui est la danse la plus populaire à La Paz. (Il faut dire que le pas est relativement simple comparé à, disons, le Tinku, mais il ne faut pas la regarder de haut pour autant : le costume des hommes pèse environ 50 kilo!).

Costumes des hommes dansant la Morenada
Costumes des hommes dansant la Morenada

La fête dure officiellement 2 jours, mais, dans les faits, c’est beaucoup plus que ça. Par exemple, les groupes se pratiquent depuis la fin des festivités du carnaval en février pour le grand jour (oui, ça fait 4 mois). La « parade officielle » est le samedi, lors de laquelle les danseurs ne consome théoriquement pas d’alcool. La entrada commence à 6h a.m et se termine vers minuit. Le dimanche matin, les groupes paradent de nouveau, cette fois sans costumes, beaucoup plus paquetés et restant dans la « zona del Gran Poder » (la parade du samedi est beaucoup plus longue et commence dans la zone de la fête mais se termine au centre de la ville). L’alcool coule alors à flot et offre aux spectateurs un autre type de spectacle tout aussi divertissant (ce fût mon activité du dimanche). Hier, aux nouvelles, ils disaient que les groupes avaient festoyé jusqu’au mercredi matin: La Paz, Bolivia.

Comme on me l’a dit à plusieurs reprises, ici, les gens ne vivent que pour les fêtes (et elles sont relativement nombreuses). Ceux qui font beaucoup d’argent le dépensent pour contracter les meilleurs orchestres, offrir le plus d’alcool et de nourriture et lancer les meilleures fêtes possibles. On peut se questionner et juger cette pratique (je l’ai fait en masse!) qui n’est ni soutenable, ni bonne pour la santé (vraiment beaucoup, beaucoup d’alcool) mais c’est tellement fortement ancré dans la culture qu’on s’imagine mal que les choses puissent changer profondément un jour. Il y a aussi quelque chose de fortement communautaire aux fêtes et qui témoigne bien de l’esprit bolivien : on lance une fête, la plus grandiose possible (mais toujours un peu traditionnellement semblables à mon avis), oui pour impressionner les autres, mais aussi pour leur donner du bon temps, pour partager, échanger. Lors des parades, toute la ville est dans les rues, les gens s’invitent à boire mutuellement, revoient de vielles connaissances (règlent leurs comptes ou se battent pour une cholita, aussi), rient, dansent et en tant qu’étrangère, sont particulièrement accueillant et fiers de partager leurs traditions. C’est pourquoi même si vous me voyez me décourager tout le temps par rapport aux quantités de bière ingurgités (et perdues sur le sol, intentionnellement ou pas), je suis toujours partante pour participer à ses rassemblements, à la fois fascinée et découragée.

Sinon, en une semaine, j’ai vécu les expériences typiques à La Paz et j’ai eu le temps de me réinstaller. J’ai eu froid dans le bureau et chaud en montant la côte vers ma maison à 13h. J’ai eu le souffle coupé par l’altitude en montant mes valises en haut des marches, j’ai dormis avec 4 chandails d’épais pour me réveiller ayant beaucoup trop chaud 4 heures plus tard. Je suis dans une quête constante d’une connexion internet fiable.

J’ai localisé où acheter les aliments de base proche de l’appartement, même si j’ignore toujours si le supermarché est plus proche que le marché pour acheter fruits et légumes (une des missions de ma journée de congé).

J’ai lavé mon linge à la main (aarggggggggghhh) mais je sais aussi où aller pour que quelqu’un le fasse pour moi si je suis prise dans un élan de paresse. Je suis par contre beaucoup plus en paix avec le processus de lavar a mano depuis que j’ai accès à un balcon, au soleil, avec des éviers faits pour ça et une place (au soleil, l’ais-je mentionné?) pour  y accrocher mon linge. J’ai aussi fini par comprendre comment faire pour laver comme il faut (merci Elvira, qui me l’a expliqué lors de ma dernière semaine chez elle en 2014) et en comparaison avec ma laveuse dans le dernier appartement qui demandait une supervision constante pendant sont processus de lavage de 4 heures, laver à la main n’est pas si pire que ça, je dirais même que c’est plus rapide.

Teraza

Enfin, c’est une belle journée, je m’en vais au marché-des-appareils-électroménagers pour m’acheter une bouilloire! (C’est mon premier post, all over again, mais je suis pas mal plus zen)

Bientôt un nouveau départ

À la fin du mois, je serai de retour en Bolivie pour un (troisième) 6 mois!

La suite de mon mandat précédent avec Carrefour International est prévue et c’est pourquoi je retourne à La Paz travailler avec ANED et leur programme de banques communautaires.

Lorsque j’ai quitté en janvier, j’ai tout juste eu le temps de visiter une agence régionale (Trinidad) pour former les employés sur le programme de formation développé et leur donner des trucs pour animer les ateliers auprès des bénéficiaires.

Pour la suite des choses, je devrai terminer le programme de formation, former d’autres agences et assister ANED dans l’implémentation/l’évaluation continue des formations données.

J’ai hâte de retourner sur le terrain! Je vous laisse sur quelques photos de la formation à Trinidad (plusieurs mois en retard…)