Lors de mon premier séjour en Bolivie, j’avais été fascinée par la tradition de Todos Santos : une fête célébrée le 2 novembre de chaque année. La croyance est que les esprits de nos êtres chers décédés viennent passer 24 heures sur terre avec les vivants. Ils arrivent le 1er novembre à midi tappant et repartent a midi le lendemain. Pour l’occasion, les boliviens cuisinent du pain. Beaucoup, beaucoup, beaucoup de pain.
Une quantité franchement inconcevable. En fait, c’est une si grande quantité que c’est carément impossible de le consommer avant que son état ne devienne désagréable. Soit moisi: mais ça, c’est si le pain est gardé dans un sac fermé. Il moisit parce qu’on ne veut pas le partager avec les esprits, voyez-vous. Et au contraire s’il est conservé dans un sac ouvert, et bien il devient dur. Très dur. Au moins, on peut en faire du pain doré.
Mais les gens ne cuisinent pas seulement du pain. Ils font aussi des biscuits, des biscochuelos et des pâtiseries de toutes sortes.
Comme les gens n’ont pas nécessairement de fours chez eux, toute la semaine précédent Todos Santos, ils envahissent les hornos, qui sont en fait des commerces qui offrent le service de fours commerciaux.
Dans les rues, on vend de la canne à sucre et des visages en céramique pour faire les T’anta wawas (c’est à dire, des pains en forme de bébés).
Ok, mais c’est quoi le principe?
Ceux qui ont vu un être cher décédé lors des trois dernières années doivent faire una mesa, une table, sur laquelle ils déposent du pain, des patisseries, des biscuits et le plat favori de l’être décédé. Ils décorent le tout de bonbon, guirelandes comestibles ou pas et canne à sucre. Le 1er et 2 novembre, ils invitent la famille, les amis et les connaissances à les accompagner. Quand les gens arrivent, ils se placent face à la table et font une prière. Ensuite, ils s’assoient dans le grand demi-cercle qui entoure la table et se font offrir un plat (la même chose que ce qui a été posé sur la table) ainsi qu’un panier remplit de pain, patisseries et fruits (c’est une mini-réplique de ce qu’il y a sur la table). Le contenu du panier peut être mangé plus tard, mais le plat doit être mangé tout de suite. On dit que tout ce qui est mangé pendant Todos Santos, ce n’est pas pour les vivants: c’est en fait pour les morts. Tu manges ton fricasé, mais en fait c’est l’âme des défunts qui mange à travers toi… et donc, il parait, que tu n’es jamais vraiment plein, tu peux toujours manger plus plus plus pendant ces journées.

Pendant ces journées, les gens passent aussi de maison en maison pour offrir ces paniers-répliques de la table. Ils sont accompagnés d’un mémo qui indique pour qui les gens doivent prier. Parce que même si c’est une fête qui semble assez païenne, le mélange avec le catholicisme est très fort.
Le 2 novembre à midi, la table est défaite et son contenu est réparti parmis tous les invités présents : les bonbons, pains, fruits, canne a sucre, pâtisseries, tout, tout tout.
Les endeuillés doivent faire ainsi une table et inviter les gens à les accompagner pendant 3 ans. Le deuxième jour de la troisième année, c’est la despedida: l’âme retourne d’où elle vient, et les vivants doivent lui dire aurevoir dans la joie et le plaisir. C’est donc une super fête! Alchool, danse, nourriture, etc.
Comme on dit, c’est quelque chose
En 2013, j’avais fais la totale: cuisiné du pain toute la nuit et terminer à 7h am pour se lever 3 heures plus tard parce qu’il fallait absolument manger a midi PILE la soupe de pois chiches parce que c’est l’heure à laquelle les âmes font leur entrée. (Je trouvais ça drôle parce que je ne croyais pas 2 secondes que ma mère d’accueil allait réussir à cuisiner à l’heure… finalement je pense qu’on était seulement en retard de 30 minutes, c’était tout un exploit).
Après avoir mangé, nous sommes allés visiter les voisins qui avaient faire une table. Je pense que c’était leur deuxième année. Après, nous sommes allés dans une autre maison: à cet endroit, c’était la troisième année. Nous sommes restés jusqu’à minuit, à boire de la bière (mais pas beaucoup), mâcher de la coca et fumer des cigarettes. Nous y sommes retournés le lendemain un peu avant midi, et y sommes restés jusqu’à tard… justement à faire la fête. En plus, ma mère d’accueil avait été nommée « marraine pour défaire la table », alors Gonzalo et moi avons de facot étés désignés comme aides officiels pour répartir tout son contenu (et même plus, il y avait des sacs et des sacs de pains supplémentaire) à tout le monde. Il y avait du stock!
Quand tu dis il y a beaucoup de pain…
Je dis qu’il y a beaucoup, beaucoup de pain et ce de toutes les formes (mais pas tellement toutes les saveurs, malheureusement : ça c’est mon combat personnel).
Il y a des pains en forme de bébé.
Des pains en forme d’hommes et de femmes.
Des pains en forme de cheval, de croix et d’échelles.

Il y a du pain au fromage, des meringues, des biscuits, des bonbons, des alfafores, des cônes à la crème.
Pour conclure, un diaporama de ce qui est vendu en ce moment dans les férias. Ceux-ci sont pour consommation immédiate, mais ce sont les mêmes items que ce que l’on retrouvera dimanche sur les tables.